Visages-monde et environnement pervasif

Visages-monde et environnement pervasif. Le double jeu du visage contemporainin Revue Espace Art Actuel, Dossier : visages/faces, Montréal, 2016.

Extrait p. 39.

« Pourtant cette politique de l’anonymat, faisant écho aux hackers masqués d’Anonymous ou aux cagoules fluo des Pussy Riots, et dont des artistes caméléons tels que Kimiko Yoshida ou Désirée Palmen avaient également fait le principe de leur démarche, témoignait en réalité d’une tendance de fond qui traversait les intentions supposées « égotiques » des selfies. Le camouflage n’en était pas un. De même que l’exhibition de ces visages sur les réseaux sociaux n’en était pas une. Alors que d’un côté s’affirmait une disparition programmée des visages, et que de l’autre se manifestait une surenchère, jamais égalée dans l’histoire de l’humanité, un étrange paradoxe tenait ensemble ces deux mouvements que tout semblait opposer. Au sein de cet obscur écartèlement, le visage semblait fonctionner contre lui-même en se consumant du dedans. Or, il n’était plus question de dedans ni même de dehors, il était question de milieu, d’espace et d’environnement. Les visages faisaient désormais partie d’une écologie, d’un flux auquel il s’agirait de coller, de s’adapter, de suivre les modulations imperceptibles… »

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