Marc Couturier

Notice pour le Frac Alsace

Autodidacte, Marc Couturier arrive dans le domaine de l’art, à l’âge de trente-huit ans. Connu pour sa série emblématique « des barques en lévitation » remplies d’eau, son œuvre est le fruit d’une attention constante et poétique avec la nature. Minimalistes et symboliques, ses créations figurent dans des édifices publics, profanes ou religieux. Il a réalisé des vitraux pour l’église Saint-Léger à Oisilly (Côte-d’Or), une croix pour le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que l’autel de l’église de Saint-Denis du Saint-Sacrement dans le Marais à Paris. Il a participé aux expositions Traces du Sacré au Centre Pompidou (2008), La Beauté en Avignon (2000), et Les Magiciens de la Terre, à la Villette (1989).

En 1991, l’artiste forge le concept de « redressement », prélude à une série d’œuvres acheiropoïètes, c’est-à-dire « non faites de main d’homme ». Il collecte des objets, matières ou surfaces, souvent négligées ou abandonnées, dans lesquels apparaissent des paysages ou des figures. Il insuffle à cet inventaire de formes déclassées une certaine sacralité qui rend compte de la beauté éphémère des phénomènes naturels, ou qui révèlent les signes d’une activité humaine. Il nous invite à partager une expérience contemplative et spirituelle.

La même année, il initie la série des « dessins du troisième jour » qui se réfèrent au livre de la Genèse où, selon ses mots : « au troisième jour de la Création, les eaux se séparent de la terre sur laquelle sont créés la Nature et les végétaux ». Cette série fait office de recueil réunissant des centaines d’œuvres qui paraissent griffonnées à la mine de plomb. Celles-ci sont la trace d’un geste continu et patient qui, bien que frénétique et spontané, est chargé d’une indéniable spiritualité qui confine au dialogue entre volonté et intuition de l’artiste. De ces ratures et grisailles, nœuds et entrelacs sans fin, émerge un paysage luxuriant et foisonnant qui semble mu par des forces imperceptibles.

Tel un chaman, son travail puise dans le monde invisible des puissances telluriques afin de les révéler au regard et à l’esprit des publics. Ainsi redresse-t-il à la fois les objets et les sujets qui les regardent.