Citéphilo – Éditions 2022

Rencontre avec Thibaud Ottevaere au Musée d’histoire naturelle de Lille, au tour de Le livre des larves. Comment nous sommes devenus nos proies (Puf)

SAMEDI 12 NOVEMBRE 2022 de 16h00 à 18h00

Les larves nous répugnent. Et pourtant, ces créatures dévoreuses de cadavres ne préparent-elles pas secrètement les plus radieuses métamorphoses ? Cet essai à la forme singulière, mêlant l’esthétique, l’entomologie et la politique, se livre à un étonnant plaidoyer en faveur des larves, qui ramènent l’humain à l’humus de son étymologie. Car la larve exprime aussi la circulation et la puissance de renouvellement constantes de la vie. Asticots et chenilles sont-ils si différents de nous ? Que nous apprennent les larves sur notre condition et le monde que nous partageons ?

Nous, Vivants

Il y a encore peu, dire «Nous» consistait à inclure autant qu’exclure: «nous» ne pouvait impliquer que des êtres humains, et seulement eux, êtres au sommet du règne animal car pourvus d’une conscience, de la raison, capables de liberté, de sciences, de techniques, d’organisations politiques, infiniment plus dignes de valeur que le simple vivant… Comme le déclarait Sartre, au milieu du siècle dernier, dans sa célèbre conférence L’existentialisme est un humanisme: «L’homme est d’abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d’être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur.»
«Nous», êtres humains, ne sommes certes pas une mousse, une pourriture ou un chou-fleur. Pourtant, en ce début de XXIe siècle, le paradigme a changé: l’étude scientifique de l’homme insiste désormais sur la continuité de tous les êtres vivants, «crise sanitaire» et «crise écologique» nous ont fait prendre conscience de notre précarité, du fait irréductible que nous étions des vivants parmi des vivants, solidaires de leur sort. Il nous faut alors faire le
deuil de notre orgueil comme de notre volonté de toute-puissance.
Aussi par l’énoncé «Nous, vivants», cette 26e édition de Citéphilo entend-elle se placer au cœur des questionnements contemporains.
La vie, dimension à la fois primitive et ultime de notre humaine condition, n’impose-t-elle pas de redéfinir notre manière de nous comprendre et de nous réinventer nous-mêmes, jusque dans nos relations aux autres êtres vivants, humains et non-humains?
Quelle place alors accorder à l’humanisme né au siècle des Lumières? Les enjeux seront assurément multiples: philosophiques, scientifiques, éthiques et politiques.