Portfolio #3 : (Dé)voiler nos rêves

Une esthétique du trouble

Rencontre et projections avec Faye Formisano, Bertrand Mandico et Laurent Guido. Une fabrique à rêves d’un nouveau genre.

Dans son travail, Faye Formisano tente de retranscrire les frontières de nos identités. Elle reprend la figure du “monstre” présent dans la littérature et le cinéma fantastique pour évoquer les concepts de transformation et  de métamorphose, et embrasser la multiplicité : entre humain et non humain, femme et homme, vie et mort. Avec le diptyque qu’elle présente, Faye Formisano nous plonge dans un univers à la fois plastique et immersif, avec le textile comme motif récurrent. Tantôt ce dernier dissimule les figures interdites, tantôt il nous dévoile les créatures étranges et fantomatiques de nos rêves… Insemnopédie : le rêve de Victor F. est un film inspiré du rêve halluciné de Victor Frankenstein la nuit où il termine sa créature. Entre peinture et photographie, ce film en noir et blanc est une sorte de conte fantastique qui interroge les vertiges de la sublimation. Toujours entre cinéma expérimental et écriture surréaliste, la seconde œuvre, They Dream in My Bones, raconte l’histoire de Roderick Norman, chercheur en onirogénétique, science qu’il a fondée permettant d’extraire les rêves des squelettes. Reconstitué sous la forme d’une installation textile faite de dessins et de peintures, ce film en réalité virtuelle, qui mêle images de synthèse et prises de vues réelles, propose un voyage près d’un squelette en métamorphose, à la frontière de l’humain et des genres. 

Née en 1984, Faye Formisano met en scène, dans son travail d’artiste et de chercheuse, des figures à la frontière du fantôme et du fantasme, explorant les liens défaits entre l’humain et son milieu. Issue d’une formation en design textile, elle collabore avec des maisons de couture ainsi que des chorégraphes. Après des vidéos dans le spectacle vivant, elle réalise son premier court-métrage de fiction au Fresnoy. 

Directeur de thèse de Faye Formisano, Bertrand Mandico a réalisé de nombreux films aux atmosphères fantasmagoriques. Diplômé du CFT Gobelins, il conçoit plusieurs films animés où il expérimente différentes techniques, mais délaisse rapidement l’animation pour le cinéma “live action” et la pellicule. Il réalise son premier long métrage en 2017 (Les Garçons Sauvages, décoré par le Prix Louis Delluc) puis un second en 2020 (After Blue Paradis Sale). 

Professeur au département Arts ainsi qu’en Études visuelles à l’Université de Lille depuis 2014, Laurent Guido officie lui aussi en tant que directeur de thèse auprès de Faye Formisano. Cette thèse, intitulée Draper l’image : usages et fonctions du voile comme manifestation des identités troubles à l’écran, fait écho à ses propres travaux de recherche. 

Rencontre animée par Marion Zilio

Marion Zilio est enseignante, critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. Docteure en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts de l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, elle est l’autrice de Faceworld. Le visage au 21e siècle (PUF, 2018 ; Polity Press, 2020) et Le livre des larves. Comment nous sommes devenus nos proies (PUF, 2020 ; Cactus, 2022). 

Portfolio

Véritable laboratoire de formes, Portfolio s’inscrit dans le programme de la Gaîté Lyrique consacré aux nouvelles écritures, ces formes de narration plurielles, hybrides, réinventées par les nouveaux médias et les technologies d’interaction et d’immersion. Ces rencontres sont l’occasion de faire dialoguer des artistes récemment sortis du Fresnoy ou en cours de cursus avec leurs enseignantes et enseignants, mais aussi avec des critiques et des scientifiques. Chacun et chacune à leur façon, ces jeunes artistes explorent notre époque et ses potentialités technologiques, et créent des ponts entre création artistique, recherche scientifique et enjeux de société pour (re)formuler un futur désirable.