Simulacres
Rencontre – Débat dans le cadre de l’exposition « Comment bâtir un monde qui ne s’effondre pas deux jours plus tard 1/3 : Simulacres »
Maison Populaire de Montreuil
Commissariat : Marie Koch et Vladimir Demoule
Modérateur : Thierry Fournier
Artistes : Eva Chettle, Côme Di Meglio & Eliott Paquet, Harun Farocki, Colleen Flaherty & Matteo Bittanti, Joe Hamilton, Floriane Pochon & Alain Damasio, Édouard Sufrin, The LP Company et Davey Wreden
Où le monde a-t-il lieu ? Et quand ? Que sait-on du monde et que pourrait-on en savoir, d’ailleurs ? Qu’en voit-on ? Qu’en entend-on ? À travers quels filtres ? Et quelle est notre place au sein de celui-ci ? Ces questions, que se posent philosophes, chercheurs, artistes, depuis des siècles, nous ne prétendrons nullement les résoudre mais à tout le moins continuer de les poser.
« La réalité, c’est ce qui ne disparaît pas lorsqu’on cesse d’y croire », répondait Philip K. Dick à une étudiante en 1972 ; mais, si l’on ne sait mieux dire, que reste-t-il alors ? Tandis que la copie cherche à imiter l’existant et ne survit qu’à travers son original, le simulacre est une variante de la réalité telle que nous croyons la connaître.
Chimères, géographies fantasmées, non-lieux, non-temps, « Simulacres » propose un parcours d’oeuvres d’art d’aujourd’hui comme autant d’expériences qui interrogent le réel, ses limites et notre rapport à lui… et qui, elles non plus, ne se situent pas forcément là où on pourrait le croire.
Les oeuvres présentées laissent présager qu’il existerait trois types de mondes : les mondes liquides (dont la substance vient de nous), les mondes solides (dont la substance vient de hors de nous) et les mondes gazeux (dont la substance vient indissociablement de nous et de hors de nous).
Les mondes liquides semblent être lâches, souples et malléables, parce qu’ils sont soumis au doute et à l’imaginaire, ils questionnent les limites de notre perception et de notre connaissance : ce qui existe au-delà de notre champ de savoir et de notre champ de vision, c’est ce que nous voulons bien y imaginer. Les mondes solides ont été construits de toute pièce pour nous. Chaque élément y a été placé avec soin pour faire surgir à dessein une idée précise à un moment précis, dans notre propre conscience. Mais, en tant qu’architectures, ils sont nécessairement finis ; nous pouvons donc simultanément nous y soumettre et observer leurs propres limites, leur propre faillite, et les dépasser.
Les mondes gazeux se recomposent à partir d’éléments supposément objectifs (photographies, enregistrements sonores, vidéos) mais qui, mis bout-à-bout, constituent un sens nouveau, un monde nouveau ; il devient alors impossible de déterminer avec certitude le degré d’objectivité original de ces éléments. Bien évidemment, les termes « liquides », « solides » et « gazeux » ne sont pas à considérer au sens strict mais en tant qu’images évocatrices.
L’exposition sera complétée le 5 février par une soirée de performances de webjaying – façon de recomposer soi-même son propre monde – et le 18 mars par une rencontre intitulée « Les lieux de l’oeuvre » qui prolongera les réflexions engagées.