Mathieu Merlet Briand. Pattern culture
Avez-vous déjà rêvé que vous rêviez ? Certains concepts s’appellent eux-mêmes, se bouclent, se citent, se recyclent. Mathieu Merlet Briand pratique un art de l’itération faisant de la répétition et du fragment le point de départ d’une réflexion qui s’auto-engendre.
Son œuvre s’inscrit en filiation avec l’histoire de l’abstraction à qui il rend hommage. Dans sa dernière série NEW NATURE, l’artiste s’immerge dans l’univers pictural des impressionnistes dont la touche vibrante semble une lointaine évocation du pixel. En réaction à l’académisme et à la métrique mortifère de leur époque, les peintres firent l’expérience du dehors et de la durée, de la diffraction et du mélange optique, des moires ondoyantes et de la fluidité. Ainsi inaugurèrent-ils un art des glissements du regard qui nous déprend de l’actuel pour rejoindre le virtuel. Monet pensait son jardin comme une symphonie de couleurs, un prolongement d’atelier en plein air ; Mathieu Merlet Briand tente de faire de nos écrans sans saveur le lieu d’une résurrection du naturel par l’artificiel, une culture de patterndans l’infini numérique. L’artiste procède alors par accumulation d’images similaires et indexation, logique statistique et translation diagrammatique. #AGAPANTHUS, #PANSY, #IRIS, #WATERLILIES fleurissent au sein d’un écosystème computationnel. Le fond devient une courbe de références qui, par implémentation et imbrication d’images analogues, tisse un tableau cinétique impressionnée sur réseau lenticulaire. De cette culture de données entrelacées, où tout paraît vivant, le regard glisse à loisir et se perd dans une rêverie hallucinée. La perception de ses peintures digitales – toutes à la fois fixes et animées, lisses et striées –, se module en fonction des éclats lumineux de la journée, tel le souvenir cristallisé de l’eau miroitante des bords de Seine de son enfance.
Mathieu Merlet Briand. Pattern culture
Have you ever dreamt that you dreamt? Some concepts summon themselves, close in on themselves, quote themselves, recycle themselves. Mathieu Merlet Briand practises an art of iteration making repetition and fragment the starting point of a self-generating reflection.
His work stems from the history of abstraction to which he pays homage. In his latest series NEW NATURE, the artist immerses himself in the pictorial universe of the Impressionists whose vibrant touch seems a distant evocation of the pixel. In reaction to the academicism and deadly metrics of their time, the painters experimented with the outdoors and duration, diffraction and optical mixing, undulating moires and fluidity. In this way they inaugurated an art where the gaze shifts from the present to the virtual. Monet thought of his garden as a symphony of colours, an extension of an open-air studio; Mathieu Merlet Briand seeks to make our tasteless screens the site of a resurrection of the natural by the artificial, a culture of patterns in the digital infinity. The artist then proceeds by accumulating similar images and indexing, statistical logic and diagrammatic translation. #AGAPANTHUS, #PANSY, #IRIS, #WATERLILIES flourish within a computational ecosystem. The background becomes a reference curve which, by implementing and imbricating similar images, weaves a kinetic table printed on a lenticular grid. From this culture of interlaced data, where everything seems alive, the gaze wanders at leisure and gets lost in a hallucinated musing. The perception of his digital paintings – all at once fixed and animated, smooth and striated – is modulated according to the luminous flashes of the day, like the crystallized memory of the shimmering water of the banks of the Seine of his childhood.
Translation Aude Tournaye