L’intersubjectivité du monde

Esthétiques et politiques du vivant, cycle de conférences sur le Temps du vivant à l’invitation de Vittorio Parisi.

Abstract :

Face à la croissante nécessité de repenser notre rapport avec la planète Terre et de remettre en question notre primauté d’êtres humains, nous assistons depuis quelques années au renouveau philosophique du problème du non-humain et, au sens plus large, du vivant.

Penser le vivant aujourd’hui signifie surtout reconnaître la subjectivité et l’agentivité des autres animaux, des plantes et des microbes, à même titre que les nôtres. En d’autres termes, il s’agit d’attribuer aux autres êtres vivants ainsi qu’à notre environnement la possibilité de « surgir sur la scène politique, sociale, économique » (Aït-Touati, Coccia, 2021).

Dans cette perspective, et dans le but de porter un débat plus que jamais actuel au centre de notre offre pédagogique et culturelle, la Villa Arson inaugure un cycle de conférences sur le vivant, avec une attention particulière donnée à sa dimension politique et à ses croisements avec le monde de la création artistique contemporaine.

L’intersubjectivité du monde

Les larves sont les figures d’une altérité radicale, le point le plus abject et le plus éloigné de l’humain. Pourtant, ce sont grâce à elles que nous avons pris visage. Les larves représentent une vie « masquée sous sa première forme » qui inspire la léthargie et hante les vivants. Elles nous dévorent et nous ramènent à l’humus. Comme les parasites, elles sont les petits, les méprisés, les invisibles, la masse des travailleurs de l’ombre qui donnent à l’évolution une intersubjectivité insoupçonnée. Alors que le mot « larve » est privé de rime et semble en cela coupé des résonances avec le monde, celles-ci n’en présentent pas moins une valeur expressive propre qui excède l’explication fonctionnaliste ou reproductrice. Par le truchement d’apparences et d’ornements, de mimétismes ou de camouflages, elles manifestent leur appartenance cosmique dans le libre jeu du caché et du montré.

Des récits d’horreur à leurs plus belles métamorphoses, en quoi les larves nous permettent-elles de penser notre présence au monde ?